Dans le Lot, Kilian Vaysse a connu l’enfer du harcèlement scolaire

Passé par le gouffre du harcèlement scolaire, Kilian Vaysse est sorti de l’ombre après des années bien sombres. Aujourd’hui engagé contre ce fléau, le jeune Lotois préside une association qui lutte contre les discriminations en milieu scolaire. Portrait d’un jeune homme revanchard au parcours honorable.

Dans le Lot, Kilian Vaysse a connu l’enfer du harcèlement scolaire
Kilian Vaysse, fondateur et président de l'ACDH (Association Contre les Discriminations et le Harcèlement scolaire) / La Dépêche

« On m’a plusieurs fois bousculé dans les escaliers. Je sortais de l'hôpital avec de multiples entorses »Longtemps seul face à sa détresse, Kilian Vaysse s’est construit dans une enfance chaotique. 

Lui qui a subi les injures, violences et brimades s’est désormais relevé, bien déterminé à lutter contre le harcèlement scolaire
De l’injustice, le lycéen en a fait son combat. Aujourd’hui âgé de 18 ans, il est à la tête de l’Association Contre les Discriminations et le Harcèlement scolaire (ACDH), implantée à Cahors, en Occitanie. Une organisation qu’il a lui-même fondée en 2021. 

« J’ai vécu l’enfer »

« Dès la plus petite classe, je vivais des moqueries, notamment à cause de mon physique ». Si le harcèlement scolaire a commencé dès l’école primaire pour Kilian Vaysse, le cycle infernal ne faisait que commencer. « Les années suivantes, ce harcèlement a continué. J’étais plusieurs fois la cible de jeux de ballons dans la cour. Un jour, certains ont même baissé mon pantalon lors de la récréation », se remémore-t-il. Exposé aux injures incessantes de ses camarades, l’étiquette de l'enfant raté le poursuit une longue partie de sa scolarité.

L’année de CM1 est alors synonyme d’espoir et de renouveau. Kilian Vaysse change d’établissement en quête d'un havre de paix. L'occasion de fuir un quotidien douloureux rythmé par la violence physique et morale. Une année de répit de trop courte durée.« Arrivé au collège, j’ai retrouvé mes harceleurs. Cela a été la décadence totale. Tous les jours, j’avais le droit à des insultes et des actes de violence. Mon cauchemar a alors recommencé. J’ai loupé 62 jours et demi d’école durant mon année de sixième ».

Et si le jeune Lotois a pu trouver une aide aux côtés de sa mère, ce ne fut pas le cas auprès de l’administration. « Le collège ne m’a apporté aucune assistance. Encore plus affolant, certains professeurs me harcelaient aussi. Je me souviens de mon professeur de mathématiques qui m’humiliait devant les autres élèves. Étant un garçon réservé, il me faisait passer au tableau et se moquait de moi lorsque je ne répondais pas bien ».

L’année suivante Kilian Vaysse recommence sa sixième dans un collège privé, loin de la tourmente. Il quitte alors le Lot et rejoint Sarlat dans le département de la Dordogne. La fin d’un calvaire qui aura duré près de 6 ans. « Aujourd’hui, je vais bien. Je suis actuellement au lycée et j'espère devenir professeur des écoles. Le conseil que je donnerai aux élèves qui subissent du harcèlement scolaire, c’est d’en parler. Parler c’est ce qui m'a sauvé ».

Une association à la saveur de revanche 

« Lors de mon année de troisième, j’ai voulu agir. Après avoir rencontré beaucoup d’enfants, adolescents et adultes victimes de harcèlement, j'ai décidé de créer l’association ACDH dans le but de changer les choses ». Inspiré de son expérience traumatisante, Kilian Vaysse vient désormais en aide à ceux qui subissent ces discriminations.

Composée d’une quinzaine de référents formés et qualifiés, l’Association Contre les Discriminations et le Harcèlement scolaire apporte un appui aux familles ainsi qu’aux victimes. « Nous sommes là en tant que soutien et non en tant que moralisateurs. L’association accompagne notamment les familles dans les démarches en accélérant les procédures. Nous assistons aussi des enfants dans le besoin », rappelle-t-il.

Les référents de l'ACDH interviennent auprès des élèves, des parents et de l'équipe pédagogique.

Des opérations de prévention

Complémentaire de l’Éducation nationale, l’ACDH vise également à sensibiliser. « On fait des opérations de prévention dans les écoles, collèges et lycées. Certaines écoles nous demandent même de revenir pour sensibiliser les jeunes sur la thématique du harcèlement ».

Si le jeune homme s’est récemment rendu à Matignon à l’occasion de l’annonce du plan gouvernemental contre le harcèlement scolaire, la suite semble toute tracée. « Je souhaite me consacrer entièrement à mon association dès l’année prochaine »Dans deux semaines, Kilian Vaysse pose ses bagages en Suède, un pays où le taux de harcèlement scolaire est faible.

L’occasion de discuter avec l’Éducation suédoise et de s'inspirer de leurs méthodes de fonctionnement. Une belle avancée pour celui qui souhaite s’investir auprès des autres. Trop tôt cependant pour parler de revanche sur la vie. « Je parlerai de revanche le jour où il n’y aura plus de faits de harcèlement scolaire ».

Contacts : 06 95 58 31 36 – email : association-acdh@laposte.net