Marché de Noël à Nantes : sent-on le vent tourner pour les artisans de la nativité ?

Marché de Noël à Nantes : sent-on le vent tourner pour les artisans de la nativité ?

Qui dit marché de Noël dit vin chaud, pain d'épices, mais aussi Santon, ces figurines qui décorent nos crèches. Nous sommes allés à la rencontre de Laurent pour faire un état des lieux du secteur.

Laurent vend divers santons au marché de noël de Nantes

Sur la place Royale à Nantes, Laurent vend ses santons à l'occasion du marché de Noël. On y trouve pèlerins, bovins et mêmes éléphants, "les rois mages ne sont pas venus à pied" comme il le dit lui-même. Autour de son stand, du thé importé, des jeux fabriqués en Thaïlande, en Chine ou au Brésil selon les dires des tenanciers. Lui revend le travail d'artisans basés en Provence, haut lieu de cette tradition centenaire. Irréductible gaulois, il estime être un des rescapés de l’ancienne époque. 

Un étau financier qui se resserre. 

Comme bon nombre de grands marchés de Noël français, le marché de Nantes a vu le prix de ses emplacements augmenter au fur et à mesure des années, selon plusieurs boutiquiers. Si bien que cette hausse pousse fatalement vers la porte bon nombre de petits commerçants. Pour Laurent, “la raison est simple, il y a une claire différence de moyens entre les artisans qui font l'effort de produire localement mais avec un rythme plus léger de par leur taille, et des entreprises plus importantes qui n’hésitent pas à délocaliser la production pour réduire les coûts. Elles peuvent aussi produire beaucoup plus rapidement.” 

 

Pourtant Laurent persiste et à raison : contrairement à ce qu'on pourrait penser, la demande de santons n'a jamais vraiment décru selon notre commerçant et ses 18 ans d'expérience Il reste cependant un marché de niche qui attire principalement des clients lors de Noël, ou bien des collectionneurs : “certains stands brassent bien plus de gens que moi, mais je fais mon chiffre tous les ans. La preuve, je suis là depuis bientôt 20 ans.” 

 

Petit mais costaud, ce secteur résiste plutôt bien à l'inflation grâce à ses matières premières simples et efficaces : argile et peinture. Une importation du sud de la France plutôt que de l’étranger permet aussi des coûts fixes amoindris. Une hausse d'environ 50 centimes s'est tout de même imposée aux clients pour faire face à la hausse du coût de la vie : “j’aimerais maintenir mes prix, mais avec le contexte je dois forcément faire des compromis” déclare le commerçant. 

Un savoir-faire qui se perd 

Malgré une longévité impressionnante de son stand au rendez-vous hivernal des Nantais, Laurent s’inquiète de l’avenir de son domaine : “ça ne donne plus envie aux jeunes ce genre de secteurs. Au-delà de la perte d’intérêt pour l’artisanat en général, les nouveaux se dirigent davantage vers la menuiserie ou la peinture que vers les santons. Faire des crèches, c’est vu comme un truc de vieux !” 

 

Toujours identitaire de la région PACA, cette tradition semble appartenir de plus en plus au passé. “Le domaine se meurt petit à petit, mais c’est aussi l’époque. Les traditions religieuses ont moins la cote, c’est comme ça. On ne va pas forcer les gens à acheter des Santons pour l’exception culturelle,” plaisante le commerçant.

 

Entre un problème de transmission, une concurrence féroce d’entreprises mieux apprêtées et des coûts de production en hausse, pèlerins, bovins et éléphants siègent encore sur les marchés hivernaux, mais pour combien de temps ?