Les mouvements sectaires en pleine explosion !
En France, près de 140 000 personnes dont 90 000 enfants seraient touchés par les dérives sectaires. Depuis le Covid-19, les sectes se sont d’ailleurs multipliés. Un phénomène qui touche la France entière et la Loire-Atlantique.
Les phénomènes sectaires, des groupements qui planifient des activités ayant pour but de créer, maintenir ou d'exploiter la sujétion psychologique ou physique des personnes, se sont installés depuis près de 50 ans en France.
Mais depuis l'épidémie de Covid-19, les groupements sectaires ont évolué en se répandant sur le net. Avec le climat anxiogène engendré par les confinements, les “thérapeutes du web” ont reçu une clientèle sans précédent. Dominique Hubert, bénévole de l’AFDI (Association de Défense des Familles et de l'Individu victimes de sectes), le constate : “Au mois de juillet 2020 après le confinement, nous n’avons jamais eu autant d’appels. Nous avons observé l’explosion de ce qu’on appelle les thérapeutes, des personnes qui vont profiter du mal-être individuel des gens pour pouvoir leur soutirer de l’argent. Il suffit d’aller sur Youtube et taper bien être dans la barre de recherche pour s’en apercevoir”.
Le rapport annuel du Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) démontre l’augmentation continue du nombre de signalements de dérives sectaires avec plus de 33 % entre 2020 et 2021, plus de 44 % entre 2018 et 2021 et plus de 86 % entre 2015 et 2021. Les 4 020 signalements comptabilisés pour l'année 2021 représentent un record.
L’arrivée du mouvement en France dans les années 1970
C’est à partir des années 70’ que le fléau sectaire fait son apparition en France avec l'implantation de la secte Moon dans les campus universitaires. En 1974, les dérives sont pour la première fois dénoncées en France par une famille victime qui décide alors de créer la première AFDI à Rennes.
“Malheureusement, à cette époque la menace n’est pas prise au sérieux par le gouvernement ”, comme l’explique Dominique Hubert. Il faudra attendre les années 90’, et les nombreuses dérives sectaires de l’ordre du Temple solaire, pour qu’une mission gouvernementale de surveillance du phénomène sectaire voit le jour. “ Malgré la création de cette liste des sectes en 1996, les plus futés ont changé leur nom dès l’année suivante, comme c’est le cas de Gabriel Loison à Nantes condamné à deux reprises à 15 ans de prison”, témoigne la bénévole engagée depuis plus de 20 ans à l’AFDI.
Les sectes dans l’agglomération nantaise
À Nantes, une AFDI voit le jour en 1992, l’antenne rennaise ne pouvant plus gérer à elle seule toutes les victimes du grand Ouest. L’AFDI de Nantes, est devenue essentielle, suite à l’arrivée du mouvement Néo-Phare, plus importante secte historique de Loire-Atlantique.
Le groupe voit le jour au début des années 90 suite à une dissidence radicale avec l'association le Phare-Ouest. Arnaud Mussy, gourou de Néo-Phare, se prend pour le Christ s’appuie sur les écrits du fondateur de Phare-Ouest, mort en 1997, et qui n’est autre que Dieu. Composé de plus de dix personnes, enfermés dans un pavillon à Nantes, le groupe prévoyait l’apocalypse pour le 24 octobre 2002.
À la suite du suicide de l’un de ses membres et des tentatives de suicide ratées de deux autres adeptes, le parquet de Nantes ouvre une enquête et inculpe le gourou. En juillet 2005, la Cour d’Appel de Rennes confirme la condamnation d’Arnaud Mussy, à trois ans d’emprisonnement. Il s’agit à ce jour de la première application de la loi About Picard votée en 2001. Une loi tendant à renforcer la prévention et la répression des mouvements sectaires portant atteinte aux droits de l'homme et aux libertés fondamentales.
Arnaud Mussy, leader de la secte Néo-Phare, a été condamné à trois ans de prison en vertu d'une loi de 2001 sur les sectes (Photo by AFP).
Les actions menées contre les dérives sectaires en Loire-Atlantique
“Cela fait depuis 1992, que nous avons notre propre association à Nantes. Les gens nous font confiance pour cela”, explique Dominique Hubert, qui connaît ce milieu comme sa poche. Le plus souvent, l'association basée dans le centre-ville de Nantes, reçoit des appels des familles des victimes qui se rendent compte d’une rupture familiale et sociale de la personne embrigadée.
Mais il arrive aussi, pour l’AFDI de recueillir la parole d’ex-adeptes de sectes. “ Nous ne sommes pas là pour les juger mais bien pour les aider à avancer. On les redirige le plus possible vers des spécialistes et psychologues diplômés d’État. “
Si un de vos proches ou vous-mêmes êtes victimes de dérives sectaires, n’hésitez pas à contacter le 02 51 88 95 20 ou vous rendre au pôle Désiré-Colombe, rue Arsène-Leloup, à Nantes.