Harcèlement scolaire : Le pari des cours d'empathie
Récemment nommé ministre de l’éducation, Gabriel Attal a fait du harcèlement scolaire sa priorité. Le 27 septembre, il annonçait son plan pour mettre fin au calvaire de nombreux enfants. Parmi les annonces, les cours d’empathie inspirés du Danemark seront appliqués à l' école à la rentrée 2024.
Au Danemark, on appelle cette méthode le “Fri For Mobberri” que l’on traduirait chez nous comme “libère toi du harcèlement”. En place depuis de nombreuses années au Danemark et en Finlande, ces “cours d’empathie” se sont étendus à nos voisins Belges, aux Pays-Bas, à la Roumanie, la Russie, la Suède, et si l’on en croit Gabriel Attal, à la France en septembre 2024.
La méthode déjà testée en France
Depuis septembre 2022, 18 écoles maternelles du 18ème arrondissement de Paris testent la méthode. La mission est confiée aux professeurs des écoles qui mettent en place ces cours devant leurs élèves de maternelle. Souhaitant rester anonyme, une professeure explique : “Le véritable objectif consiste à renforcer la dynamique de groupe au sein d’une classe”. Les cours d'empathie sont en réalité beaucoup plus que de simples cours.
A travers de nombreuses activités, les enfants apprennent à gérer leurs émotions et à se mettre au service d’un groupe, sans pour autant oublier leurs propres intérêts : “Depuis un an on a remarqué que les enfants essayent de régler les conflits en faisant en sorte que tous les partis soient satisfaits, il n’est plus juste question de se satisfaire soi-même sans penser aux autres”, explique cette enseignante.
Concrètement, comment se déroulent les cours ?
Là encore, le contenu des cours est logiquement issu du Danemark, bien que les activités soient adaptées aux mœurs françaises, parfois différentes de celles scandinaves. Ainsi, les professeurs n'hésitent pas à effectuer des mises en situation : “On va par exemple reproduire la scène d’un enfant qui tombe devant ses camarades, ou encore celle d’un élève qui va gribouiller sur le dessin de son voisin…”, l’objectif reste le même dans chaque situation : “On fait le maximum pour tourner la réaction des enfants vers l’altruisme, la compassion, la compréhension de l’autre, afin d’éviter les potentielles moqueries, qui plus tard, se transforment en harcèlement.”
Réelle efficacité ou mesure inespérée ?
Au Danemark et en Finlande, cette méthode semble porter ses fruits puisque de nombreux pays ont importé chez eux la méthode du Fri For Mobberi. Dans les colonnes du Huffington Post, une enseignante danoise, Hanna Petersen vantait les mérites de cette méthode, indiquant qu’aucun cas de harcèlement n'était à déplorer dans son établissement.
En France, comme par exemple dans l’école maternelle d'Ile de France où travaille notre enseignante, la méthode mise en place permet de régler les trois-quarts des conflits. Elle a surtout permis de souder les enfants entre eux, ne laissant personne à l’écart désormais lors des activités de récréation ou autre. Il ne reste plus qu’à apporter les éléments de formation du personnel puisque comme on nous l’a rappelé : “Les enfants sont tous différents, avec leur propre caractère, il faudra une formation concrète, universelle pour nous le personnel éducatif”. Des garanties encore faibles mais prometteuses pour une méthode testée depuis un an seulement, Gabriel Attal semble avoir misé dessus pour endiguer le fléau du harcèlement scolaire.