Nantes : chocolats, foie gras, huîtres… Quelles sont les attentes des commerçants à Noël ?

Pour de nombreux producteurs locaux, Noël est la période la plus importante de l’année pour leur chiffre d’affaires. Après la grippe aviaire de l’an dernier et l’inflation du prix du chocolat cette année, les producteurs nantais restent sceptiques pour l’hiver à venir.

Nantes : chocolats, foie gras, huîtres… Quelles sont les attentes des commerçants à Noël ?
Le prix du chocolat a atteint son pic, avec un coût de 4273$ la tonne.

A Nantes, les producteurs locaux se préparent pour la plus grosse période de l’année. Chocolatiers, bars à huîtres, producteurs de foie-gras, tous ces commerçants attendent Noël avec impatience. Mais les aléas du marché poussent certains d’entre eux à réadapter leurs prix y compris, car le packaging et l’emballage coûtent aussi plus cher.

Le chocolat, bientôt une denrée rare ? 

Actuellement, le prix du cacao a atteint 4 273$ la tonne. Une augmentation sans précédent comme l’explique une salariée de la boutique Vincent Guerlais à La Chapelle sur Erdre : “Comme tout produit, il y a eu une inflation qui s’est ressentie dans les prix. Et au-delà du chocolat, d’autres matières premières ont aussi augmenté, comme le beurre de cacao, tout ce qui est crème ou lait.

Mais malgré ces répercussions, il semble que les ligériens ne soient pas prêts à faire une croix sur les petits plaisirs de fin d’année : “Les gens ne vont pas réduire leurs dépenses. Je pense que s’ils doivent faire des choix, ça ne sera pas sur la nourriture en tout cas”, raconte cette employée de l’artisan chocolatier situé au nord de Nantes. Mais même si pour ce producteur de chocolat la situation semble stable, d’autres artisans locaux ne se montrent pas si sereins. 

L’année dernière, on a divisé par deux le nombre de ventes.”

L’année dernière “l’influenza aviaire” touchait particulièrement les Pays de la Loire, avec 799 élevages touchés entre février et avril 2022, selon les services du préfet de région. Guillaume de la Bouvrie, transformateur de foie gras à Casson, au nord de Nantes, témoigne : “Avant la grippe aviaire, on vendait environ 200kg de foie gras pendant Noël, maintenant c’est divisé par 2. L’année dernière, on a divisé par deux le nombre de ventes. Les prix ont énormément augmenté.

Au-delà de la matière première, d’autres facteurs alourdissent la note : “On a essayé de ne pas tout répercuter sur les prix mais la matière première a augmenté, tout comme les contenants vides et emballages”, raconte le jeune homme.

Ce gérant qui a repris l’exploitation de ses parents depuis une dizaine d’années évoque la façon dont il a dû réadapter son mode de fabrication : “On travaille avec un abattoir à Bouaye qui a des gaveurs en Pays de la Loire et en Bretagne, donc on garantit un approvisionnement régional. Mais depuis la grippe aviaire, on est obligés d’élargir notre périmètre donc on descend dans le sud-ouest, à Dax, par exemple.”   

Et pour l’hiver à venir, Guillaume reste lucide sur la situation, expliquant que le printemps “a été compliqué et qu’il manque encore du foie gras, donc on n’aura pas le chiffre des années précédentes. Il y a quand même plus de marchandises et normalement les prix devraient descendre l’année prochaine parce que les volumes seront plus importants l’an prochain.” Il faudra donc attendre 2024 afin de retrouver des chiffres corrects. 

 

Côté mer, autant d’inquiétude 

William a ouvert son commerce, Le Lieu Jaune, il y a deux ans. Ce bar à huîtres / poissonnerie qui propose également des services de traiteur pour des mariages ou inaugurations d’entreprises, redouble d’efforts en cette fin d’année car les clients semblent traîner : “Il y en a beaucoup qui ne sont pas là, et ils ne viendront pas. Parce qu’ils se demandent s’ils ne vont pas se faire une totale Picard plutôt que de venir chez des producteurs. Après, c’est sûr qu’il y a des gens qui ont des budgets serrés, ce qui fait qu’ils dépensent moins”, raconte le trentenaire. 

Pour ce gérant, le mois de Noël est le plus fort de toute l’année (même s’il y a un pic extrême à la fin de printemps et au début de l’été avec les mariages par exemple). Et les restaurateurs, également touchés, espèrent beaucoup de cette période de Noël : “Tout le monde attend des beaux scores. Entre la rentrée et maintenant, ça a été naze. Les gens allaient sur la côte, après il a fait très moche donc ce n’était pas dingue. Il n’y a pas eu de vraie rentrée donc on aimerait clairement rattraper la rentrée avec Noël.” Le jeune homme poursuit : “Les restaurateurs, ce sont des gens qui ont plusieurs salariés et, s’il ne se passe rien, la trésorerie elle va partir très vite.” 

Globalement, le son de cloche est plutôt cohérent entre les commerçants nantais : malgré l’inflation, ils attendent beaucoup de Noël. Selon une étude de l’Insee parue le 20 octobre dernier, les Pays de la Loire étaient la région de France avec le taux de pauvreté le plus faible, 10,5 % contre 14,8 % en France. Mais malgré ces chiffres, les commerçants sont conscients que le pouvoir d’achat des ligériens n’est plus le même qu’avant.