Une vague artificielle à Abou Dhabi

La société de Kelly Slater, légende vivante du surf, ouvre un deuxième site qui soulève de nombreuses questions.

Une vague artificielle à Abou Dhabi

Le projet était resté secret, mais ça c'était avant que le magazine australien STAB ne publie une enquête en mai. Ce qui n’était encore que des suppositions se sont finalement avérées. Le journaliste avait tout de même vu juste dans ses recherches, non pas seulement basées sur des rumeurs mais sur des données quantifiables. Le journaliste Brendan Buckley avait repéré à l’aide de Google Maps un bassin sur l’île de d'Al Hudayriat, avec les mêmes dimensions que celle de la première vague artificielle crée par le 11 fois champion du monde de surf Kelly Slater. Cette dernière se situe à Lemoore, dans la campagne californienne. Une étape du circuit mondial s'y tient chaque année depuis 2018.

Le 06 novembre, un compte Instagram du nom de Surf Abu Dhabi publie une vidéo qui devient rapidement virale. Kelly Slater se tient devant une vague parfaite. « J’ai surfé des centaines de vagues incroyables à travers le monde et cette vague à Abu Dhabi se place comme l'une des meilleures vagues du monde » comment-il. Le public est partagé entre surprise, engouement et incompréhension.

Les surfeurs dans l'interrogation

Surprise parce que le co-propriétaire de la Kelly Slater Wave Company (qu'il partage avec la ligue mondiale de surf WSL), n'a pas du tout communiqué sur ses réseaux ou dans quelque média que ce soit sur le projet. La page Instagram Surf Abu Dhabi et les financeurs et promoteurs du site Modon n'ont publié du contenu lié à la piscine que le jour même. Engouement parce que la vague semble être encore mieux que la première version utilisant la même technologie. Incompréhension parce que l'opinion publique connait maintenant l'envers du décors qui se cache derrière une destination de rêve pour touriste en recherche de vacances de luxe. Non-respect des droits de l'Homme, bilan carbone catastrophique et destruction environnementale. Les connaisseurs s'interrogent quant aux conséquences d'un tel projet comme Mathis, jeune surfeur et commercial dans le monde du surf :

En réalité, si Abu Dhabi et plus largement les Emirats Arabes Unis s'intéressent autant au surf, c'est pour des raisons politiques et surtout économique. Ces pays du Golf utilise le sport comme soft power. Leurs richesses proviennent de l'exploitation des ressources pétrolières dont ils disposent sur leurs terres. Mais elle n'est pas infini et les émirats prévoient déjà leur transition économique. Le sport est un élément à part entière de ce changement. C'est l'outil sur lequel ils s'assurent un afflux touristique constant toute l'année en concentrant des évènements mondiaux dans tous les sports qui existent et surtout des équipements à la pointe de la technologie. 

Une communication bien ficelée

Après avoir créer la surprise générale, les promoteurs s'attellent maintenant à en faire la promotion. Des surfeurs de l'élite mondiale ont été invité à tester la vague et ils n'ont pas hésité à en faire la promotion sur leurs réseaux. Parmi eux, le français Jeremy Florès, les actuels champions du monde Caroline Marks et Filipe Toledo, la GOAT Stephanie Gilmore et le marocain Ramzi Boukhiam semblent avoir passé une excellente journée. 

Le site sera accessible aux surfeurs seuls et non plus uniquement aux groupes comme c'est le cas aux Etats-Unis. En revanche aucune information n'a été communiquée sur un potentiel tarif.