Enseigner à taille humaine, une solution au harcèlement scolaire ?

Ce 27 septembre, le gouvernement a annoncé toute une série de mesures pour lutter contre le harcèlement à différentes échelles. Le phénomène n’est pas nouveau mais revient sur le devant de la scène ces derniers temps. L’occasion de questionner, au-delà de la vie au sein de l’école, les institutions qui la structurent.

Enseigner à taille humaine, une solution au harcèlement scolaire ?
Cécile Robert explique l'importance du suivi des élèves pour désamorcer les situations de harcèlement
Enseigner à taille humaine, une solution au harcèlement scolaire ?

Pour cette rentrée, la lutte contre le harcèlement a le vent en poupe. En plus de nombreux articles sur le phénomène dont certains faits divers glaçants, le nouveau ministre de l’éducation Gabriel Attal en a fait son cheval de bataille. La volonté étant là, reste à se poser la question de la manière.

Pour l’instant, des solutions répressives, comme la confiscation des téléphones et une saisie systématique du procureur, ou difficilement applicables, telle l’exclusion de l’enfant des réseaux sociaux, sont envisagées. Le gouvernement a également mentionné des “cours d’empathie” se calquant sur le modèle danois. Mais le cœur du problème ne serait-il pas dans la structure même de l’école ? 

 Un suivi plus approfondi pour une meilleure détection 

" Je me disais que cet enfant sera harcelé au collège, même si ça se passait bien avec nous. " Cécile Robert, enseignante en maternelle et ancienne directrice d’école primaire ne rencontre que rarement des cas de harcèlement dans son établissement. 

 " Il y a toujours des enfants qui s’embêtent mais on parle rarement de harcèlement " explique-t-elle. Et pour cause la situation est souvent désarmée en amont. “L’avantage, c’est qu’on les accompagne sur tous les plans. Nous sommes professeurs, surveillants et CPE en même temps, donc c’est plus facile d’identifier quand il y a un problème” développe l’institutrice. 

"Au collège, ils sont lâchés dans la nature, avec des professeurs moins proches d’eux donc moins à même de repérer les enfants vulnérables. C’est le même souci pour la vie scolaire, avec autant d’élèves c’est compliqué de suivre chaque cas.”

Cécile explique aussi avoir une relation privilégiée avec les parents d’élèves : “ On les voit tous les soirs à la sortie pour la plupart, certains viennent aussi nous voir en cas de soucis, on communique beaucoup donc ça facilite forcément les choses. Du côté des enfants, l’âge joue également en notre faveur car ils ont beaucoup moins de filtres quand ils sont jeunes donc ils viennent nous voir plus facilement en cas de problèmes. ”

 

Selon Cécile Robert, le harcèlement existe davantage au collège de par un suivi des élèves moins poussé. 

La communication au coeur du processus

Bien qu’enthousiaste à l’annonce de la mise en place de cours d’empathie par le ministère de l’éducation, l’enseignante précise que le personnel scolaire n’a pas attendu cette déclaration pour mettre en place des mesures comparables : “ J’ai personnellement organisé des conseils d’élèves et des temps de communication non-violente. Thimothée* avait quelques problèmes avec ses camarades et ces moments ont permis aux autres élèves de mieux le comprendre. Ils sont même devenus copains ! ”

Elle pointe aussi la similarité de profil entre l’oppresseur et l’oppressé : “ Les deux sont souvent en difficulté scolaire et réagissent au quart de tour. Ils prennent les choses très à cœur. Opprimer, c’est parfois une manière de se protéger. ” L’institutrice ajoute : “ le problème principal, c’est qu’ils n’arrivent pas à gérer leurs émotions. On essaie de mettre des mots sur ce qu’ils ressentent pour qu’ils puissent à leur tour comprendre comment ils fonctionnent. ” 

Vers une réorganisation des établissements ? 

D'après ces éléments, ne serait-ce donc pas aussi intéressant de modifier la structure même des établissements ? Renforcer les liens avec les élèves et leurs parents, individualiser le suivi et rapprocher les professeurs de leur classe pourrait-il être bénéfique pour tout le monde ? Les cours d'empathie vont plus ou moins dans ce sens et il sera intéressant de voir les résultats d'une telle mesure, aussi efficace dans les pays nordiques en partie grâce à une structure scolaire différente de la nôtre.

 

*Nom modifié afin d'anonymiser l'enfant.