La précarité des agriculteurs : l’avenir de la profession en danger 

La précarité des agriculteurs : l’avenir de la profession en danger 

En 2023, 20% des agriculteurs français vivent sous le seuil de pauvreté. Un chiffre alarmant, pour une profession essentielle à notre société, dans une situation plus que précaire.

« Il ne faut pas se voiler la face, l’avenir de notre métier est en danger si aucune solution n’est apportée », déclare Michel. Agriculteur depuis bientôt 40 ans dans la région de Châteaubriant, l’éleveur bovin a vu sa profession se détériorer au fil des décennies. Ceux qui sont à la base de notre chaîne alimentaire doivent faire face à des défis et des pressions croissantes.

Comment en est-on arrivé là ?

L'une des principales raisons de cette précarité réside dans les difficultés financières auxquelles sont confrontés de nombreux agriculteurs. Les revenus agricoles sont souvent très faibles, tandis que les charges, telles que l'achat de matériel ou l'alimentation des animaux, augmentent de manière constante. Michel affirme : "Avec l'inflation de ces derniers mois, le coût de la nourriture de mes animaux a augmenté de presque 25 % », affirme Michel.

Le Comité économique et social européen pointe du doigt plusieurs facteurs ayant contribué à cette crise. Parmi ceux-ci, on trouve les écarts de revenu entre l'agriculture et d'autres secteurs d'activité, la complexité administrative pour accéder aux aides de la PAC (Politique Agricole Commune) et des normes européennes de plus en plus strictes.

Le bouleversement climatique constitue un autre défi majeur pour les agriculteurs. Les événements climatiques, de plus en plus fréquents et intenses, peuvent anéantir des exploitations en un instant. Les agriculteurs sont confrontés à une insécurité croissante face à une météo de plus en plus imprévisible.

Le non-renouvellement des générations 

L'agriculture, pierre angulaire de nos économies et de notre approvisionnement alimentaire, est confrontée à un défi de taille : le vieillissement de ses acteurs et le non-renouvellement des générations. En 2019, en France, 55 % des agriculteurs avaient plus de 50 ans, selon . Ce chiffre inquiétant est accentué par le constat que seulement 7 sur 10 agriculteurs partant en retraite sont remplacés. 

« L’agriculture ne fait plus envie, il y a trop de contraintes dans ce métier », indique l’éleveur bovin. « La population rurale disparait aussi petit à petit, donc forcément il y a moins de repreneurs »

Les jeunes, confrontés à de maigres perspectives financières dans le secteur agricole, optent souvent pour des carrières dans d'autres domaines. Les normes européennes, plus contraignantes que dans la plupart des autres pays, ainsi que des difficultés de trésorerie, de financement des investissements et d'accès au foncier, contribuent également à cette situation préoccupante. 

La faiblesse des retraites agricoles est un autre obstacle majeur, ce qui signifie que de nombreux agriculteurs partant à la retraite risquent de basculer dans la pauvreté malgré des décennies de travail acharné.

« Un agriculteur se suicide chaque jour »

La précarité des agriculteurs a de lourdes conséquences. Profession marquée par la solitude et le repos quasi inexistant, les agriculteurs sont la catégorie socio-professionnelles où l'on enregistre le plus de suicide, devant les forces de l’ordre. 

Jacques, agriculteur laitier et membre de l’association Terres de Liens, déclare : « En France, un agriculteur se suicide chaque jour en moyenne. Nous sommes à 54 heures hebdomadaires de travail et les vacances n’existent pas dans notre métier. Forcément, certains craquent ».

Le suicide des agriculteurs est un sujet préoccupant qui met en lumière les défis et les pressions auxquels cette profession est confrontée. Les agriculteurs subissent des niveaux de stress et d'incertitude financière élevés en raison de facteurs tels que la fluctuation des prix des produits agricoles, les coûts de production en hausse et les aléas climatiques. Cette pression constante peut avoir des conséquences dévastatrices sur leur bien-être mental. Les agriculteurs vivent souvent dans des zones rurales isolées, ce qui peut entraîner un sentiment de solitude et un accès limité aux services de santé mentale. 

« On travaille dur pour nourrir les autres, mais parfois, on se demande qui va nous nourrir quand les temps sont durs », conclut Jacques.