Le parti Reconquête en grand défenseur de la civilisation israélienne : fact-checking de 2 mois mouvementés

Ses déclarations sur les plateaux de télévision, ses tweets, son voyage au coeur d'un kibboutz meurtri par les attaques du Hamas : Eric Zemmour n'a pas manqué d'utiliser le conflit israélo-palestinien comme un événement de campagne. Sa rhétorique de “guerre de civilisations” a également été soutenue par les membres de Reconquête, Marion Maréchal et Philippe de Villiers entre autres. Alors faut-il croire les éléments avancés par le parti d'extrême droite ?

Le parti Reconquête en grand défenseur de la civilisation israélienne : fact-checking de 2 mois mouvementés
Eric Zemmour en déplacement en Israël

“À Gaza, les Chrétiens ont été chassés ou massacrés par le Hamas et leur nombre a été divisé par 10.”

C’est ce qu’à avancé Eric Zemmour dans un tweet, se citant lui-même après une interview à Jérusalem pour le site Boulevard Voltaire. Afin d’affirmer la véracité de ce chiffre, il est important de délimiter la période étudiée dans le temps. C’est le 14 juin 2007 que le Hamas s’empare de la bande de Gaza, au terme d’une semaine d’affrontements meurtriers avec le Fatah. Au début de l’année 2007, 7000 chrétiens vivent à Gaza. Aujourd’hui, ils sont environ 1000, comme le rapporte le site spécialisé Al-Monitor. Il est donc préférable de préciser avec exactitude que le nombre de chrétiens à Gaza a été divisé par 7.

“Quand nous avons bombardé Raqqa en réponse au Bataclan, les Israéliens ne sont pas venus nous dire : « il faut une réponse proportionnée ». Pourtant, nous avons aussi fait des victimes civiles.”

La comparaison est là aussi proposée par le président de Reconquête, interrogé sur BFMTV à propos du bilan de morts à Gaza. Mais peut-on affirmer que les bombardements français en réponse aux attentats de novembre 2015 ont tué des civils en Syrie ? Le 15 novembre, la France effectue des frappes massives sur la ville de Raqqa, fief de l’État Islamique. Mais il n’y a quasiment aucune communication sur le nombre de morts. Seul élément de réponse, ce tweet du compte Raqqa_SL, opposé à l’EI, qui cite l'hôpital de Raqqa pour affirmer qu’aucun mort ni blessé n’est à déplorer parmi les civils. 

“Il y a eu un Grand Remplacement de l'antisémitisme. […] ceux qui attaquent les Français de confession juive, ce sont les Français de confession musulmane.”

Ici, pas de chiffres à vérifier. Ses propos ne sont basés sur aucun fait statistiquement avéré. Et même si Eric Zemmour souhaitait étayer ses propos grâce à des chiffres, il ferait face à l’interdiction des statistiques ethniques ou religieuses dans la population carcérale. S’il est impossible de connaître la religion des condamnés, il est alors encore moins envisageable d’obtenir des données sur les accusés. À noter qu’Eric Zemmour a été condamné pour provocation à la haine raciale en 2022 après avoir qualifié les mineurs isolés étrangers de « voleurs, d'assassins, de violeurs », là aussi sans chiffres à l’appui.

“Parmi les actes antisémites qui frappent la France depuis 3 semaines, 20 % d’entre eux sont le fait de personnes étrangères.”

L’affirmation de Marion Maréchal sur France 2 n’est pas tout à fait juste. Au moment de sa déclaration, 1040 actes antisémites ont été recensés et 486 personnes ont été interpellées. Parmi elles, 102 étaient de nationalité étrangère. Ainsi, Marion Maréchal omet de préciser dans sa déclaration que ces 20 % concernent les agresseurs interpellés. En sachant que la moitié des actes n’ont pas donné suite à une interpellation et n’ont donc pas permis d’établir une statistique sur le nombre d’étranger parmi eux.

“La Grande Mosquée de Paris choisit le 7 octobre, ce jour de guerre déclarée par le Hamas contre Israël, pour annoncer la création de AMMALE.”

Philippe de Villiers relaye un tweet sous-entendant clairement que la grande mosquée de Paris a volontairement choisi le 7 octobre pour publier un communiqué annonçant la création de AMMALE. Cependant, ce communiqué résulte d'une assemblée générale des imams de 17 pays différents. De fait, cette réunion à été planifiée bien avant le 7 octobre. Derrière cette supposition, l'hypothèse d'une complicité de la mosquée de Paris dans les crimes commis par le hamas. Cette accusation n’est basée sur aucun fait, ni aucun chiffre.