Le Passage Pommeraye et Noël, récit d’une longue histoire d’amour

Chaque année, le monument classé historique s’enflamme à l’approche des fêtes. Sous sa verrière unique, les commerces se frottent les mains, et les passants se laissent prendre « au piège »

Le Passage Pommeraye et Noël, récit d’une longue histoire d’amour

Face à la caisse, la queue s’étend jusque dans les allées de l’édifice, les mains remplies de cadeaux: « Depuis l’ouverture, c’est une marée humaine, nous n’avons pas eu une minute pour nous », lâche cette vendeuse de La Chaise Longue, entre deux règlements. Trois semaines avant le début des hostilités, les familles pullulent et se bousculent, dans une ambiance de kermesse.

Cette folie, commune à l’ensemble des boutiques de la galerie marchande, est un phénomène vieux comme le temps. Daté de 1843, ce long couloir aux moulures antiques traverse les époques sans jamais renier son histoire. « A son échelle, le passage est comparable à l’engouement qu’infusent les Champs-Elysées à Paris », distille un septuagénaire habitué des lieux. Ici, l’antre est sacré. Côté paillettes, la mairie sait où elle met les pieds : un long tapis rouge sépare les boutiques, surplombées par des dizaines de sapins et guirlandes. 

Véritable chasse aux cadeaux

En s’immisçant dans ces entrailles, bousculé par une foule hardie par la tâche à accomplir, chacun y mène sa quête. L’objectif: trouver le sésame pour le J. « J’étais le premier dans la boutique. En quelques minutes, elle était pleine à craquer », se marre Thomas, à la recherche d’emplettes pour sa fille de 14 ans. Après la chasse, les sourires s’affichent jusqu’aux oreilles, traduisant d’un certain soulagement. Telle une longue bataille touchant à son terme. « Cela fait bientôt deux heures que nous y sommes. Mais au moins, nos cadeaux sont faits», annonce épuisée une mère de famille. Malgré l’attente interminable, la foule afflue toute la journée, assoiffée de futures trouvailles à déposer aux pieds du sapin. Il faut dire que le bâtiment couve un large panel de magasins: matériel de cuisine, parfumerie, vêtements, maroquinerie… Même l’envolée des prix - qui concerne la plupart des boutiques du Passage Pommeraye - n’effraie pas le porte-monnaie des rôdeurs. « Les produits sont chers, mais ce sont les meilleurs que je connaisse. C’est le moment de se faire plaisir. », lâche Noémie, une boîte de macarons entre ses mains, à la sortie de la Maison George Larnicol, célèbre chocolatier du centre-ville.

«  En décembre, on triple notre chiffre d’affaires »

Naturellement, les boutiques se déchainent. Le mois de décembre en ligne de mire: point d’orgue de leurs retombées économiques. A l’horizon des fêtes, rien n’est laissé au hasard. « Depuis bientôt deux semaines, nous avons sorti nos pulls et nos produits dérivés de Noël, détaille le responsable d’un magasin de vêtements. Sans oublier les guirlandes, les boules, une crèche… ». Pour les magasins, le raz-de-marée s’anticipe et se prépare. Aucune échoppe ne laisse passer l’occasion. « En décembre, on ne peut pas se rater. Le mois représente le triple du chiffre d’affaires par rapport au mois précédent », informe la responsable d’une enseigne de maroquinerie.

Mais tout cet emballement est-il étonnant, en sachant que le Passage a vu le jour pour insuffler cet élan prospère et animé qui manquait tant à la Cité des Ducs ?