Nantes : Le fléau de la précarité des logements étudiants

“La santé mentale, ce n'est pas que les études, c'est aussi ce qu’il y a en dehors. Et quand on n'a pas de logement, on ne se sent même pas humain” a déclaré une étudiante bordelaise pour France 3 Régions. En dépit de nombreux appels à l’aide lancés par une multitude d’étudiants dans l’Hexagone, le gouvernement n’a annoncé aucun nouveau plan pour accompagner les étudiants dans cette crise. Un mois seulement après la rentrée pour la majorité des élèves, chacun essaie de trouver une solution pour trouver un endroit où vivre et suivre son cursus convenablement.

Nantes : Le fléau de la précarité des logements étudiants

Un mois est passé depuis la rentrée scolaire et de nombreuses actions ont été menées par des associations étudiantes en réponse au mal-logement des étudiants. Planter des tentes devant des mairies, l’Union Pirate l’a faite à Caen il y a deux semaines pour sensibiliser au mal-logement. Seulement le syndicat étudiant n’a pas obtenu gain de cause. Même son de cloche à Brest. A Bordeaux et à Lille les étudiants des universités respectives ont pris la décision de camper pour susciter des réactions. Des actions coup de poing pour pointer du doigt un problème grave : la précarité étudiante en matière de logement. Sur les 2,8 millions d’étudiants français, deux sur trois sont en situation de décohabitation, c’est-à-dire qu’ils vivent en dehors du foyer familial. 

Pas assez de logement pour tout le monde  

A l’heure actuelle les logements CROUS ne sont pas suffisamment nombreux, en effet selon le secrétaire général de l’Union Étudiante de Bordeaux, le CROUS n’aurait que 10 500 logements disponibles pour 133 000 élèves soit un logement pour 13 étudiants. Sans compter que les loyers hors CROUS et dans le cadre privé s’élèvent à 582 euros à Bordeaux ce qui est bien trop élevé pour les apprenants. A titre de comparaison, à Nantes le loyer privé atteint les 491 euros mensuels. De plus, la ville de la Venise de l’Ouest, compte pour la rentrée 2023-2024 un peu plus de 65 000 étudiants. Parmi ces 65 000, 20 000 auraient déjà un hébergement grâce à leur foyer familial. Par conséquent cela implique que 45 000 d’entre eux doivent trouver un logement ce qui est un chiffre plus qu’important. Si le loyer en lui-même est déjà conséquent pour de jeunes étudiants, il ne faut pas omettre que ceux-ci doivent se nourrir chaque jour, ce qui entraîne par la suite une précarité sur le plan alimentaire.  

Montant des bourses par échelon : l’Étudiant

Selon une enquête menée par l’association d’aide alimentaire Linkee, 76% des étudiants ont affirmé avoir un “reste à vivre” de moins de 100 euros à la fin du mois soit 3,33 euros par jour. Le “reste à vivre” correspond à ce qu’il reste de budget une fois le paiement du loyer et des factures effectués. Le tout en prenant dans les comptes les bourses.  Autant dire que la situation devient très vite irrespirable pour un grand nombre.  

Le cas Paris 2024  

Par ailleurs, tout le monde sait que 2024 sera l’année des Jeux Olympiques de Paris. Un événement planétaire qui va d’abord impacter les jeunes universitaires de toute l’Île-de-France. En effet, le gouvernement aurait contraint le CROUS à réquisitionner plus de 3000 logements, dans le but de loger des travailleurs, plus particulièrement des agents de sécurité. Sans oublier les propriétaires privés qui vont à coup sûr profiter des Jeux pour faire grimper en flèche le prix des loyers. Si les plus de 750 000 de la région parisienne ne seront évidemment pas tous inquiétés par la situation, il paraît clair que beaucoup seront forcés à abandonner leur logement à l’approche de la compétition.  

Les solutions du moment  

Pour remédier à cette problématique, de nombreux campings en France accueillent des étudiants. Le coût est assez logiquement moins élevé que pour un appartement du cadre privé et en période hors-saison, plus favorable à avoir des places disponibles. Néanmoins cette méthode ne reste qu’un recours utilisé par les étudiants en attendant qu’un logement se libère.  

De son côté l’Union Pirates de Nantes propose un guide en collaboration avec l’Union Étudiante, principal syndicat d'étudiants en France, pour aider les nouveaux arrivants en terres ligériennes à se loger. Réalisé directement par des étudiants connaissant la difficulté à trouver un logement étudiant à Nantes, ce guide donne des alternatives aux très célèbres logements CROUS. On y retrouve notamment les KAPS qui sont des colocations à loyer modéré présents en quartier populaire. Il existe encore d’autres options de logement tels que les HLM, les Foyers de Jeunes Travailleurs (FJT) et enfin l’habitat partagé. Cette dernière piste consiste en un logement à bas prix voire gratuit où les jeunes cohabitent avec des personnes âgées qui les hébergent.  

A l’heure actuelle, le gouvernement n’a annoncé aucun nouveau plan pour aider les apprenants à traverser cette crise. Dans le même temps, la ville de Paris a déclaré débloquer une enveloppe d’un montant de 345 000 euros pour apporter un soutien dans la lutte contre la précarité alimentaire, et une aide d’un million d’euros pour le logement. Si tous les contours de ces aides ne sont pas encore bien définis ni même une date à laquelle elles seraient disponibles, elle marque malgré tout un bon début dans le combat face à la précarité étudiante. Un combat qui demeure long et ardu en accord avec les propos du ministre du logement, Patrice Vergriete fin août : “si 7000 logements sociaux étudiants ont été construits l’an passé cela reste peu à l’échelle des 2,8 millions d’étudiant en France”.