L'autonomie pour faire des économies

Dans un contexte d’inflation, tendant l’élasticité-prix des foyers français, la recherche d’autonomie gagne du terrain sur la dépendance étrangère et industrielle.

Le prix de l’électricité a augmenté de 55 % entre mai 2021 et mai 2023. Les prix du gasoil et du bois ont eux aussi flambés : respectivement 29 et 60 %. Quand dans le même temps le SMIC s’est vu croitre de 12 %. Pour beaucoup de foyers français la situation se résume à payer beaucoup plus avec un peu plus. Après qu’un jeune virus nous montre en 2020 les risques d’une libre circulation des populations, la guerre russo-ukrainienne et l’agressivité économique chinoise nous posent sous les yeux les limites d’une dépendance énergétique étrangère.

L’heure semble être à la relance énergétique pour une souveraineté française : le gouvernement a planifié la construction de 14 centrales nucléaires d’ici 2050. Avant la retraite pour la génération 1990, sortir d’une dépendance étrangère pour se chauffer et s’éclairer figure comme un enjeu de lutte contre la précarité.

Souverain à une échelle très locale

Alors, certains ont déjà pu anticiper. On parle d’autonomie si ce n’est individuelle, locale à l’échelle de petits groupes qui partagent leurs alternatives économiques et dans les meilleurs et la plupart des cas, écologiques. Cécile Masson est salariée agricole dans la région de Châteaubriant. Face à la hausse des matériaux classiques et à la recherche d’un enduit isolant pour économiser du chauffage la cinquantenaire s’est orientée vers le chaux-chanvre et ne « regrette absolument pas ».

Ecologique, il est impossible d’utiliser de la chaux synthétique pour réaliser ce mélange : une chaux naturelle doit être mélangée à la chénévotte fibrée pour obtenir le précieux sésame. La note en bas de l’addition s’est élevée à 10 euros du m² contre 60 euros pour une pose de parpaing classique et d’isolant par l’intérieur. « Je n’ai eu qu’à payer une fois pour la pose des murs et l’isolation », soit une économie 5 000 euros sur une maison de 100 m².

La ristourne sur le budget tient également du « fait-maison », tient à rappeler Cécile : « j’ai énormément économisé sur la pose car j’ai pu compter sur de la famille et des amis qui avaient déjà pu utiliser cette technique ». Une aide non négligeable car cette pose n’est pas si évidente. La pose de parpaing est « plus facile car plus commune, toute personne qui a déjà bricolé a déjà pu monter un mur ».

Utiliser ces matériaux est beaucoup plus technique mais ces difficultés sont rapidement palliées par tous ses bienfaits : contrôle de la chaleur, durée de vie de près de 100 ans et excellent isolant sonore. « Nous l’avons utilisé pour une pièce à musique et n’entendons presque plus notre jeune fils batteur. » Méconnu et pas à la portée de tout bricoleur du dimanche de nombreux anciens utilisateurs réalisent des formations pour partager ces nouveaux modes de consommation. 

Expérimenter pour se former

La maison autonome, à Moisdon-la-Rivière, accueille lors de « stage d'autonomie ». Patrick et Brigitte Baronnet, ont quitté Paris il y a 20 ans pour construire leur « oasis ». Récupérateur d’eau de pluie, éoliennes, chanvre sous toiture, photopiles – une pile photovoltaïque transformant la lumière du soleil en énergie électrique – ou chauffe-eau solaire, le couple partage tous ces outils d’autonomie lors de ces stages.

Pour la somme de 300 euros, repas et logis compris, sur des journées complètes comprenant des ateliers et conférences sur l’autonomie électrique, l’écoconstruction, l’alimentation, le jardinage, le compostage… Des techniques qui leur ont notamment permis de construire une maison autonome pour un coût de revient de 30 000 euros et de vivre pour 6 avec un salaire et demi. AgroParisTech a estimé les économies liées à la production autonome de fruits et légumes de 1500 euros par mois en moyenne pour un ménage français.

Un treizième mois qui demande également de la main d’œuvre. Cécile le rappelle : « il faut y passer de son temps libre pour en voir les économies, expérimenter et se tromper peut faire perdre du temps ». Alors se former auprès de personnes ayant déjà expérimenter pour vous peut permettre de contrebalancer pour les partisans du « temps c’est de l’argent ». 

 

                                                                       Antonin Simon