Jobs étudiants : les abus des employeurs

En parallèle de leurs études, les jeunes de la région cherchent à travailler. Comptés comme des employés à part entière, ils sont souvent considérés différemment. Horaires, salaires, conditions de travail, les étudiants tirent la sonnette d’alarme.

Jobs étudiants : les abus des employeurs
© Pixabay

« J’étais la personne en plus donc on se reposait sur moi », explique Louise. Cette jeune angevine étudiante en master métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation (MEEF) se souvient de ses débuts en restauration en demi-teinte. Elle retient de son premier job étudiant des rencontres, un enrichissement, un nouveau savoir-faire mais aussi des aspects négatifs. 

Hausse de 35% 

En ce début d’année 2023, le mot inflation est sur toutes les bouches. Avoir un travail à côté de ses études devient la norme et nécessaire pour une grande partie des jeunes. Selon un baromètre paru le 3 janvier par la plateforme StaffMe, en 2022 « les étudiants sont plus nombreux à travailler que l’année précédente (+35%) » détaille Jean-Baptiste Achard, cofondateur de l’entreprise. Dans leur enquête réalisée entre le 1er septembre et le 15 novembre 2022, la plateforme de l’emploi étudiant précise que « 4 jobs sont liés à la vente, 2 à la restauration ».

Restauration et grande distribution dans le viseur des étudiants

Pendant trois ans, Andrei a travaillé dans les métiers de bouche à côté de ses études. Son employeur ne lui payait pas ses heures supplémentaires, mais une prime de 500 euros compensait. « La patronne nous forçait à vendre plus aux clients sous prétexte que sinon nous n’aurions pas la prime », raconte Andrei. L'objectif de rendement engendre du stress chez le jeune employé. Pour ces nouveaux adultes, les études associées au rythme de travail dans la restauration conduisent à un isolement.

Selon l’étude de StaffMe, en 2022, les deux secteurs clés qui recrutent des étudiants ont connu une hausse des offres : 75% pour l’hôtellerie/restauration et 36% pour le secteur de la vente. 

Ce dernier, plébiscité par les étudiants, montre aussi les dérives des employeurs vis-à-vis de leurs employés étudiants. « En tant que vendeuse en charcuterie dans un supermarché près d’Angers, mon manager connaissait mes vacances avec la fac et en profitait pour me demander de travailler plus que mon contrat habituel », raconte Amélie, étudiante en licence d’Histoire. « J’ai déjà fait la fermeture à sa place pour qu’il aille voir un match de foot », continue-t-elle. Les employeurs et supérieurs se permettent des demandes face à ces contrats mineurs. A côté de ces aspects, « on te demande d’être capable de faire le même travail que les personnes pour qui c’est leur travail », observe l’étudiante. La performance est recherchée ce qui pour certain, constitue un stress et peut même aller au delà. 

J’étais le bouche trou, le petit contrat

« A partir du moment où j'avais une journée de travail, c’était une mauvaise journée », raconte Siméon, étudiant nantais. Employé en restauration à côté de ses études pendant deux ans, il a quitté son travail à cause de la pression subie. Ses horaires venaient suppléer les temps pleins, « j’étais le bouche trou, le petit contrat. C’était énormément de stress et de charge mentale », conclut-il. Amélie, employée dans un supermarché, affirme aussi cet aspect. Bien que le contrat indiquait employée en charcuterie, la jeune femme pouvait se retrouver en poissonnerie ou boucherie alors que les qualifications manquaient. Se retrouver à un nouveau poste, sans encadrant et devoir fournir le même travail qu’un employé en contrat régulier pose problème.

Être étudiant en 2023 pour la majeure partie doit relier études et travail. Travail souvent non choisi mais par nécessité d’argent qui constitue une anxiété.